L'émergence d'une nouvelle pandémie : un risque toujours présent
La pandémie de la COVID-19 a contribué à plusieurs transformations sanitaires, sociales, et économiques. Elle a aussi montré la vulnérabilité des sociétés modernes face à la propagation de nouveaux agents pathogènes, accélérée par la mondialisation, les déplacements massifs et l’anthropocène.
Bien que cette crise soit terminée, la menace d’une nouvelle pandémie demeure omniprésente alors que les cas de grippe A(H5N1) se multiplient. Une nouvelle pandémie représenterait un défi médical et scientifique, mais aussi social et politique. En effet, la réponse collective face aux interventions de santé publique, y compris l'adhésion aux mesures préventives, sont largement influencées par des facteurs socioculturels, historiques et politiques. Dans le contexte post-COVID, ces défis sont encore plus marqués, car les communautés font face à la fatigue pandémique et à une attention accrue aux inégalités et aux divergences d'opinions sur la gestion des risques.
L'adhésion aux mesures de prévention dans le contexte post-COVID
En gestion des risques, l'adhésion des communautés aux mesures de prévention est une condition essentielle à leur efficacité. La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence la diversité des perceptions et des réactions face à des mesures sanitaires comme le confinement, le port du masque, ou encore la vaccination. Certains groupes de la population ont vu ces mesures comme une violation des libertés individuelles, alors que d'autres les ont adoptées comme une obligation morale de protéger les autres.
D’ailleurs, une étude menée par SteelFisher et collaborateurs a mesuré le soutien de la population américaine à l’égard de futures mesures de gestion des pandémies. Bien qu’environ la moitié des répondants se soient montrés favorables à ces mesures, le soutien observé variait selon plusieurs facteurs, notamment les orientations politiques et idéologiques ainsi que les préoccupations quotidiennes. L’étude met également en évidence les dynamiques de groupe et la polarisation sociale qui émergent dans la gestion des crises sanitaires, particulièrement dans un contexte où les inégalités économiques et politiques risquent d’accentuer les tensions sociales. Les résultats soulignent l’importance de comprendre et de traiter ces divisions sociales et politiques, de manière nuancée, afin d’assurer l’adhésion de toutes les communautés.
Les clés pour renforcer l'adhésion aux mesures de prévention
Pour garantir l’adhésion des communautés aux mesures de prévention dans un futur postpandémique, plusieurs éléments doivent être considérés :
- Communication interculturelle et contextuelle : La transparence et la clarté de l'information sont essentielles pour instaurer la confiance, mais cette communication doit être sensible aux contextes culturels locaux. En effet, chaque communauté a ses propres référentiels de confiance, et l'engagement des leaders communautaires et des figures locales est important pour dépasser les fractures culturelles et idéologiques. L’adaptation des messages selon les codes culturels et la prise en compte des spécificités de chaque groupe est nécessaire (pour des études abordant cette question, vous pouvez consulter le Supplément 1 portant sur les facteurs socioculturels et comportementaux qui affectent la réponse des communautés face aux mesures de santé publique, disponible dans la Revue canadienne de santé publique).
- Prise en compte des inégalités sociales et géographiques : Les inégalités structurelles jouent également un rôle clé dans la manière dont les communautés réagissent aux politiques et aux mesures de prévention. Les groupes en quête d’équité sont souvent les plus vulnérables aux maladies, mais aussi les plus sceptiques vis-à-vis des mesures de prévention. Pour renforcer l'adhésion, ces dernières doivent être inclusives, accessibles et centrées sur les communautés les plus vulnérables.
- Renforcement de la résilience collective : Il est essentiel de renforcer la résilience collective des communautés face aux crises sanitaires. Cela inclut notamment la préparation culturelle aux risques sanitaires, qui doit se faire par l’éducation à la santé et l'engagement des communautés dans la planification et la préparation aux pandémies. L'intégration de méthodes participatives et de représentations locales de la santé peut améliorer l'efficacité des mesures de prévention tout en réduisant la stigmatisation sociale.
Conclusion
L'adhésion des communautés aux mesures de prévention est un facteur important pour limiter les impacts d'une future crise sanitaire. Cependant, cette adhésion ne peut être résumée par ses aspects scientifique ou médical; elle doit également tenir compte des facteurs sociaux, politiques et culturels qui influencent la perception des risques sanitaires.
Ainsi, il est important de bâtir une confiance collective renouvelée en tenant compte des contextes culturels et des inégalités sociales, tout en engageant les communautés de manière inclusive. Ce n’est qu’en intégrant une perspective anthropologique de la santé que nous pourrons non seulement prévenir une nouvelle pandémie, mais aussi renforcer la résilience collective face à de futures menaces sanitaires.
